27 avril 2020
Je remarque dans une galerie de petit diamètre (environ 4mm), un petit point vert. Il s’agit en fait de chenilles. Une guêpe solitaire est donc de la partie. Je m’installe.
Je la vois bientôt se poser sur une feuille de groseilliers non loin du nichoir. A priori, il s’agirait d’une guêpe du genre Ancistrocerus (à faire confirmer) et non pas Odynerus comme je le pensais dans un premier temps- histoire de carène transversale nette sur le bord du premier tergite oupss- il me reste tant à découvrir.
C’était donc sa dernière chasse pour ce nid puisque je la vois ensuite obturer l’entrée avec de la terre.
Avril 2020
Une très petite mouche (2/3 mm) aux yeux rouges rode près du nichoir. Elle s’appelle Cacoxenus indagator. Elle va s’introduire dans une cellule approvisionnée par une osmie cornue et y pondre; sa larve va consommer le pain de pollen et sans doute aussi la larve d’abeille. Puis elle restera dans le tube jusqu’à l’année suivante avant de creuser un petit trou en périphérie d’un diamètre de 1mm (ci-dessous, milieu droite) afin de sortir et de commencer un nouveau cycle.
Deuxième quinzaine de mars 2020
Après une diapause de près de dix longs mois, les premières osmies émergent de leurs loges (la diapause est un arrêt de développement obligatoire qui se produit chez un insecte à un stade précis de son développement).
Après 10 mois de confinement sans toilettes (pas besoin de dévaliser le PQ des supermarchés ;0))), les premiers pas à l’extérieur se traduisent par la vidange de l’ampoule rectale, un peu comme le vol de propreté des abeilles mellifères. Sauf qu’au lieu de le faire en plein vol en ciblant les jolis draps blancs, c’est direct à la sortie.
Les osmies cornues et rousses, comme prévu, sont les premières à montrer le bout de leurs antennes, les mâles suivis des femelles.
L’osmie cornue (Osmia cornuta) doit son nom aux deux « cornes » présentes sur le clypeus (front) de la femelle qui lui serviraient à bien tasser le pollen.
L’osmie rousse (Osmia bicornis anciennement Osmia rufa), moins rousse que l’osmie cornue (me demandez pas pourquoi!), dispose également de ces deux excroissances plus courtes que les antennes.
L’arrivée des femelles correspond au temps des amours. Ci après, la femelle d’osmie cornue en dessous et le mâle, plus petit, dessus, reconnaissable à sa moustache blanche.
11 avril 2019
Les osmies cornues (et que, pour l’instant) ont donc nidifié dans des bûches percées, tiges de cardères, bambous, renouées et massettes occupant des diamètres de 4 à 12mm. Les galeries de 10 ont été les premières terminées. Celles de 12, pourtant occupées rapidement, ne sont pas encore finalisées (plus de matière à apporter ?).
Les osmies cornues sont des espèces généralistes butinant un éventail assez large de fleurs (fruitiers, saules, callune, muscaris…). Leurs besoins : une galerie, des fleurs et de la boue (ici récupérée sur une petite mare proche).
Lorsqu’un tunnel est trop petit, l’osmie doit entrer en marche arrière (dessous droite) pour décharger le pollen qu’elle transporte sous sa brosse ventrale. Pas toujours facile de bien ranger ses ailes ! Elle doit parfois s’y reprendre à plusieurs fois. Celle du dessus gauche entre en marche avant pour régurgiter le nectar (on voit sa brosse ventrale couverte de pollen jaune).
Mars 2019 / premières observations
Le temps frais y sera certainement pour quelque chose mais il aura fallu attendre ce 26 mars pour observer les allers-retours (encore peu nombreux toutefois) de plusieurs femelles d’osmie cornue. Elles auront donc été les premières à coloniser le nichoir : 3 galeries d(diamètre)12 dans du bois et 2 bambous (d12 et d10).
Février 2019 / Remplissage du nichoir
Le choix des matériaux
Afin de maximiser les chances d’accueillir différentes espèces d’abeilles solitaires, les matériaux et les diamètres utilisés sont multiples :
- bûches percées (tout bois sauf résineux) avec des mèches de perceuse de 4 à 12. On perce à la longueur de la mèche. On respecte ainsi une proportionnalité entre le diamètre et la taille de la galerie. La galerie ne doit pas traverser la bûche.
- plusieurs fagots de différentes plantes. Pour un meilleur suivi, j’ai regroupé les tiges de la même plante entre elles mais cela n’est pas une obligation.
- tiges de fenouil
- bambous de différents diamètres
- tiges de cardères
- tiges de framboisiers
- tiges de roseaux et massettes
- tiges de renouée
- tiges de sureau
- tiges d’échinops
- tiges de tournesol
- une vieille bûche au bois relativement vermoulu
- un reste d’un bloc d’argile dur percé de différents trous
Remarque : la tige doit être coupée avant un nœud laissant ainsi une seule entrée (l’autre côté étant donc obturé). On positionne les tiges côté ouvert devant.
Au fur et à mesure
Les osmies cornues étant les premières à sortir courant mars et s’appropriant facilement ce type de nichoir, les tiges creuses correspondant à leur taille peuvent être très vite toutes occupées.
IL est donc intéressant de prévoir une mise en place des tiges étalée sur la première année pour laisser la possibilité de nidifier à d’autres espèces d’une taille équivalente mais plus tardives.
Janvier 2019 / Mise en place du nichoir
Un nichoir pour qui ?
Ce nichoir est destiné à la nidification et à l’observation des abeilles solitaires. Ces dernières pondent une dizaine d’œufs dans des tunnels de dimensions variables suivant les espèces après y avoir déposé un stock suffisant de pollen et nectar récoltés sur les fleurs.
Les abeilles que nous accueillerons dans notre nichoir ne représentent qu’une petite partie des abeilles solitaires, celle qui sont dites rubicoles et caulicoles principalement. Elles font leur nid dans des tiges à moelle (ronce, sureau, églantier, framboisier) ou tiges creuses (bambou, renouée, ombellifères, roseau, cardères). On pourrait y voir quelques espèces xylicoles qui nidifient dans le bois mort notamment
Nichoir ou hôtel ?
Si l’hôtel à insectes peut avoir des vertus pédagogiques, il est peut être bon de rappeler que la grande majorité des insectes pondent sur les plantes là où la descendance pourra assurer ses repas (et donc pas dans un hôtel !!!).
Extrait Des insectes et des hommes, Michel Lamy, 1997, collection Sciences d’aujourd’hui par les éditions Albin Michel « La grande majorité des insectes pond des œufs. On dit de ces espèces qu’elles sont ovipares. Mais, si la reproduction est un acte fondamental pour l’espèce, il n’a de chance de succès que si l’œuf est pondu non pas au hasard, mais en un endroit propice au développement de la larve qui va éclore, c’est- à-dire à sa nutrition. Reproduction et nutrition vont donc de pair. Il en résulte que le comportement de ponte comprend trois phases successives. D’abord la recherche de la plante-hôte, si nous partons de l’hypothèse d’un insecte phytophage (majoritaire chez les insectes). »
Un petit espace fleuri sauvage, un petit tas de bois et un petit tas de cailloux conviendront bien mieux aux insectes de manière générale.
Par contre, si les cavités de notre nichoir sont bien réalisées, de nombreuses abeilles solitaires y trouveront leur compte. Un vieux buffet récupéré fera très bien l’affaire (portes ouvertes, toit végétalisé). Exposé sud-Est, à l’abri du vent.